Leticia, ses motos, son café Barbacoas

Publié le par Fabienne

A Leticia, e temps des vélos est bel et bien révolu.

On vit le casque de sa mobylette vissé sur sa tête. Au supermarché, à la pharmacie, à la boulangerie. Partout où la course n’excède pas une vingtaine de minutes, on la fait avec son casque, légèrement relevé sur le front. On se déplace souvent à deux, pour plus de commodité. L’un reste aux manettes pendant que l’autre fait la course. Parfois même, on ne prend pas la peine de descendre de sa monture et, d’une voix forte, on passe commande depuis la chaussée ou le trottoir. C’est le vendeur qui vient au client.

 

Ce n’est pas pour autant que le rythme de la vie est frénétique, loin s’en faut. On s’arrête pour n’importe quel prétexte, pour discuter surtout. Toute la ville semble être à moto. Quand il pleut (de l’averse au déluge), la circulation s’arrête presque et tous les encasqués se réfugient sous les paravents des magasins, attendant que le grain passe. Cela peut prendre du temps et le temps, à Leticia, n’est pas un problème.

 

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On s’arrête régulièrement boire un tinto, institution nationale.

Au café Barbacoas, on peut regarder se dérouler la vie à Leticia, du soir au matin et du matin au soir.

Le café Barbacoas … sa musique ennivrante, profonde, belle ; ses hommes attablés à la terrasse et ses tables de billard dans l’arrière salle ; son café trop réchauffé et ses serveuses à moitié aimable ; son air d’activité permanente et son calme relatif ; la rue devant, le passage. Que nous avons aimé ce café!

À la terrasse du café Barbacoas, il y a comme un air d’habitude, une rengaine que tout le monde aurait au fond de l‘oreille. Comme si, chaque jour à cette terrasse, il y avait du rire et du tango, des blagues à partager avec des compères, et toujours le temps pour un café, puis un autre, à cette table puis à une autre, avec à chacune un ami, ou plusieurs. La pause n’est jamais qu’interlude, les clients sont tous à moitié à leurs affaires, qu’ils gèrent d’un air nonchalant depuis leur place, leur café encore fumant, intouché. La magie du café Barbacoas est l’ubiquité qu’elle offre à ses habitués : on sait toujours où les trouver s’ils ne sont pas à leur bureau.

Parfois ils ne font que passer, ces habitués, faisant seulement de la main un signe qui veut dire « je repasserai », « plus tard », « bientôt ». Et quand ils s’arrêtent et s’installent, ils prennent le temps, pour tout : pour le vendeur de tickets de loterie ou d’encens, pour une nièce qui passe par là, pour le laveur de chaussures, pour le nouveau venu à table, pour la serveuse qui se fait désirer, pour le déluge, l‘averse, le tonnère.

 

Bref, ils prennent leur temps.

Publié dans Veni - vidi

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G
Quel beau reportage... Nous sommes avec la neige à Lyon, pendant que vous continuez votre périple tjrs aussi passionnant, bises Françoise G
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