Les fetes de et autour de La Paz

Publié le par Fabienne

Note : toujours sur un clavier espagnol, les accents sont toujours en carence.

 

Comme vous le savez, nous sommes restés fort longtemps dans la capitale bolivienne, entre autres raisons car nous parvenions a faire bien peu de choses chaque jour, notre énergie étant considérablement diminuée par la pollution qui étouffe cette ville, ou l´oxygene est deja bien rare, compte tenu de son altitude (3700m environ, dans le centre).

 

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Mais nous sommes également restés pour voir, d´abord, le festival El Gran Poder le 19 juin et, ensuite, le nouvel an aymara, jour du solstice d´hiver, le 21 juin.

 

El Gran Poder est le plus grand festival de La Paz et rassemble environ 30.000 participants, c´est a dire : des fraternités composées de danseurs, somptueusement et soigneusement costumés, et de fanfares. El Gran Poder a une signification religieuse chrétienne : il s´agit de la réunion des trois figures que sont le Pere, le FIls et le Saint-Esprit.

 

Les festivités ont commencé a 8h le matin et se sont poursuivies jusque en fin de journée, aux environs de 23h. Il s´agit d´un grand, non, d´un immense défilé ou chaque fraternite descend les arteres principales de la ville devant un public assis sur des gradins - specialement installes et les routes fermées bien-sur - ou debout et deambulant, a un bras d´eux. La journée est entierement couverte et retransmise par la télévision nationale et locale. Les fraternités, qui viennent de tout le pays et s´entrainent assidument pour ce grand jour,  concourent entre elles pour le prix des meilleurs costumes et des meilleures danses et fanfares. La ville toute entiere et sans doute tout le pays boit et s´amuse au rythme de la musique des fanfares. Conformément a la sagesse "In Rome, do as the romans", a La Paz, nous avons comme les pazeniens. Et bu et célébré, toute la journée. Cette ville est épuisante vous dit-on! 

 

Quelques photos pour vous donner une idée, mais seulement une idée car il vous manque la musique, élément clé de cette gigantesque fete :

 

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Le surlendemain nous avons madrugado (levés avant le lever du soleil, du verbe madrugar, une folie quand on y pense ... et repense) pour aller a Tiwanaku, site archeologique de la civilisation du meme nom, les Tiwanaku, et site populaire pour le peuple aymara. La civilisation Tiwanaku existait et florissait au meme moment que les civilisations pre-incas au Perou et c´est a elle qu´est affiliée la langue aymara, a la difference du quechua qui, lui, est affilié aux Incas. Les aymaras continuent a celebrer le nouvel an en fonction du calendrier fixé sur la civilisation Tiwanaku et leur fete est une fete nationale (rappel : la Bolivie a voté une nouvelle constitution en 2009 dans laquelle toutes les cultures indigenes sont reconnues et pratiquement toutes leurs fetes respectives érigées en fetes nationales). Le solstice d´hiver est donc un jour férié dans tout le pays.

 

A Tiwanaku le nouvel an se fete en attendant le lever du soleil, qui doit apparaitre derriere une montagne précise et ensuite des offrandes sont faites au dieu du soleil, aux pieds de la statue Tiwanaku. Nous y sommes allés avec d´autres gringos et avons rejoint la foule de locaux qui avaient campé la la nuit précédente, et bien bien fait la fete (!), dans un froid, il faut le souligner, des plus glacial, Tiwanaku étant a une altitude de 4000 metres.

 

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Nous avons attendu le lever du soleil comme tout le monde, l´avons salué comme tout le monde, et avons ensuite visité le site. Nous avons été un peu étonné - voire gené - par l´imposante présence de l´armée, qui a beaucoup limité les célébrations et dissipé la foule rapidement apres le lever du soleil. La raison serait la suivante : les annés précédentes, compte tenu de l´importance de cette fete et du lieu pour les aymaras, le nouvel an contribuait a beaucoup détériorer le lieu, classé patrimoine mondial unesco. L´UNESCO a donc emis une mise en garde, indiquant qu´a défaut d´une réglementation plus stricte du lieu, celui-ci perdreait son statut unesco. Il est a noter que Tiwanaku est le site unesco le moins visité au monde... d´ou la presence de l´armee pour dissiper la foule et contenir les fideles. C´est dommage car Tiwanaku a la particularité d´etre aussi bien un site archéologique de valeur qu´un lieu riche en signification actuelle pour le peuple aymara. Il devrait donc pouvoir demeurer vivant. L´armée n´a pas encore trouvé le juste milieu, car il est certain qu´une réglementation adaptée permettrait de préserver cette particularité qui est une richesse, a mon sens.

 

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Bref, nous avons visité le site et ses musées puis avons pris la route pour rejoindre un groupe de locaux sur une colline, pile en face de la Cordillere royale qui, eux aussi depuis le matin, étaient venus célébrer leur nouvel an. Ce n´était que danse, musique et boisson, coca et offrandes faites par un "pretre" désigné, disons un chaman. Nous nous sommes mélés a eux pour un temps puis avons eu droit a une cérémonie d´offrande.

 

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A ce sujet, trois francais de notre groupe ont eu une discussion assez vive : cette célébration était-elle authentique ou était-elle une mascarade a laquelle aucun touriste vraiment intéressé par la culture locale ne devrait accepter de prendre part? Pour ma part il m´a semblée que, bien que certainement organisée exclusivement pour notre groupe, l´offrande a néanmoins été réalisée avec tout le sérieux d´eune offrande classique, un bolivien étant d´ailleurs parmi nous et ayant procédé, en meme temps, a une offrande personnelle, avec le meme chaman. Bien entendu, parmi les touristes certains ont manqué et de respect pour le moment et, clairement, n´étaient tout simplement pas intéressés tout court, et cela contrastait avec l´ambiance chez les locaux. Mais bon, dans tout grain il y a de l´ivraie et, parmi les touristes, l´ivraie ne vient jamais a manquer...

 

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D´assister a cela m´a interrogée sur le sens et la portée, encore aujourd´hui, de l´offrande spirituelle. Nous ne faisons plus vraiement cela dans nos contrées, au contraire d´ici ou les gens vont consacrer une somme conséquente dans leurs offrandes pour tous les moments importants de leur existence. Superstition qui sort du cadre religieux "autorisé"? Juxtaposition de croyances tout autant légitimes? Branches d´un meme arbre? En tout état de cause, il me semble que chez nous le don est un geste rare, en particulier a un dieu, c´est a dire a une force hors de soi. On ne s´en remet qu´a soi, chez nous, non?

Publié dans Veni - vidi

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