De Cusco à Rapa Nui - île de Pâques

Publié le par Fabienne

Après le trek, nous sommes rentrés à Cusco, de nuit. Dès le lendemain nous nous sommes occupés de soigner nos bobos respectifs, développés dans la brousse, puis nous avons récupéré nos affaires auprès du frère d’Olger, en charge de l’agence. Nous en avons profité pour lui faire part de notre sentiment et ça n’a pas été sans déplaisir, après deux semaines à prendre sur soi et à avancer, puisqu‘il n’y avait rien d’autre à faire.

Nous sommes rentrés de cette expérience en nous disant que, la prochaine fois, nous envisagerions de partir sans guide, uniquement avec un arriero. Il faudra juste faire la cuisine…. ou se contenter de sandwichs et de pâtes des jours durant, voilà tout. Le vrai confort réside dans la jouissance paisible du moment, pas dans l’assiette, non? 

Nous avons fini de visiter la multitude de musées que compte Cusco puis pris un bus pour Lima (20h), où nous sommes restés deux jours, avant de prendre l’avion pour Santiago du Chili, rejoindre les parents de Quentin pour, en principe, deux semaines de voyage en leur compagnie.

Finalement nous serons restés trois semaines avec eux, loin des Andes, pour cause de dents acariâtres. Malédiction jetée par le fils d’apus réalisée? Puede ser o puede no ser comme dirait Walimai, personnage de roman d’Isabelle Allende….(les premières lectures dans une langue marquent pour longtemps, n’est-ce pas?!)

C’est que Quentin fêtait ses trente ans et que ses parents ne voulaient pas manquer cela. Après quelques tergiversations, nous décidâmes de nous retrouver pour la première semaine à l’île de Pâques : pas d’altitude nécessitant une adaptation progressive, pas de paludisme, pas d’hiver trop rude, des possibilités de balades mais aussi de la culture, et mystérieuse avec ça.

A RAPA NUI

Hop, lundi 15 août, nous voilà tous les quatre (Quentin avec sa dent infectée et moi avec une intoxication alimentaire, sans doute due au dangereux mélange ceviche-pisco sour) au milieu du Pacifique, à 3.700 km des côtes chiliennes et 4.000 km de Tahiti. Nous butinons quelques temps avant de poser nos pénates chez Tita et Lionel, chez qui nous résiderons toute la semaine dans deux ravissants bungalows en forme de case-bateau, maison traditionnelle (chaloupe renversée). On aperçoit la mer au loin et les coqs chantent au petit matin.

 

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Nous n’avions pas d’idée préconçue sur l’île, seulement des ouï-dires de précédents touristes, rencontrés sur la route, et le sentiment d’aller à la chasse au trésor. Ce fut un enchantement qui dura sept jours. Nous y serions bien restés plus longtemps.

D’abord, l’île en elle-même vaut le détour. Entièrement déboisée, elle ne ressemble à aucune autre de ses voisines du Pacifique. Les palmiers sont rares. Pâturage pour moutons anglais pendant plusieurs décennies au cours du siècle dernier, ses collines évoquent celle de nos campagnes normandes. L’île est volcanique et sa terre est noire, son eau bleu profond, son écume blanc éclatant contre les roches noires. Qu’on ne s’y trompe pas cependant, nous sommes dans le Pacifique et pas loin des tropiques. Il pousse des goyaves et des bananes et les fleurs ont des couleurs éclatantes.

 

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On peut en faire le tour en une journée, à pied, à vélo, à cheval ou en voiture. D’ailleurs on peut tout faire à cheval, jusqu’à aller à l’hôpital. C’est au choix.

Parce que nous sommes allés à l’hôpital, fêter les trente ans de Quentin! La souris qui avait commencé à le suivre dans la jungle péruvienne, pour lui prendre une dent, a fait preuve de patience. D’abord à Cusco, où la dent fut traitée, puis à Hanga Roa sur Rapa Nui où l’infection fut maîtrisée, enfin à Rio où, là, la souris a été récompensé de son attente : une dent à emporter et pas des moindres, de sagesse!

Revenons à l’île enchanteresse. C’est une île du Pacifique pas comme les autres avec à son bord un peuple et une culture uniques. Chiliens de mauvaise grâce, les Rapa Nui se sentent appartenir aux îles et à la culture du Pacifique. On le voit dans leurs physionomies, leurs tatouages, leur relation à la mer, à la nature qui les entoure, à leur rythme de vie aussi. Non pas que je connaisse bien la culture des îles du Pacifique mais c’est l’impression que cela donne et c’est ce qu’en dit Lionel, français installé sur l’île depuis bientôt vingt ans.

Et puis il y a les moais et l’homme-oiseau.

LES MOAIS

L’île en est pleine, il y en a beaucoup plus que sur les seuls sites ouverts au public. Dans les jardins des particuliers, sous les rochers près de la mer, sous terre, délibérément enfouis par leurs créateurs. L’île est un immense site archéologique où peu d’investigations sérieuses ont été menées et où celles réalisées ont mis à jour plus de mystères que de réponses.

 

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Ce n’est donc pas quelques moais seulement que l’on peut contempler, mais une bonne centaine. Couchés face contrre terre et brisés, comme on les a trouvés, ou relevés, dressés dos à la mer (sauf exception). Pourvus de coiffes ou non, projetant de leurs yeux leur mana (énergie des morts enterrés sous l’ahu, plateforme sacrée située en-dessous des statues) ou dépourvus d’yeux. D’inombrables statues jonchent le sol de la carrière d’où les moais prenaient forme, pour quel destin? on ne sait pas, on spécule. Pour rien peut-être.

 

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L’HOMME-OISEAU

Le culte de l’homme-oiseau est venu ensuite. On trouve des pétroglyphes aux quatre coins de l’île. Les témoignages directs, au début du XXème siècle, furent rares et aujourd’hui c’est la tradition orale qui raconte comment l’homme-oiseau, élu par ses paires, régnait sur l’île une année durant, notamment en imposant des tabous (tapus en rapa nui) sur la pêche.

 

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Il y aurait aussi une forme d’écriture, faite à base d’idéogrammes, qui reste mystérieuse.      

L’ENCHANTEMENT

L’enchantement vient de la rencontre entre cette culture unique, monumentale et douce à la fois, la beauté des sites où on la découvre et la sérénité de l’île. Nous étions quasiment seuls sur chaque site, seuls face aux géants de pierre, seuls face à la mer.

Dos au monde, un tranquille instant au milieu de l’océan, sous des feuilles de bananiers. Le regard des moais protégeant l’île, le nôtre se perdant dans le lointain.  
 

Publié dans Veni - vidi

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S
<br /> Je vous lis, les amis…<br /> <br /> <br />
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